Bonjour à toutes et à tous!
Victoria et moi, et bien entendu, Gros Bidon, avons eu la chance de participer à une messe célébré par le
Père Sorkine alors que nous étions parties faire une escapade dans le sud à Marseille, fin novembre 2011!
Ma marraine m'avait parlé d'un prêtre très charismatique à Marseille et d suggéré que nous allions à la messe du dimanche dans sa paroisse. Pensant que nous n'aurions pas forcement le temps de partir à la recherche de cette paroisse, je ne m'en suis pas préoccupée d'avantage
Nous avions pris une chambre pour deux nuits dans un hôtel un peu salubre (économies obligent) et avions repéré une petite église dans cette même rue. Quelle chance! Nous étions bien contentes
Le dimanche matin arrive, et nous voilà, tous les 3 (n'oublions pas Gros Bidon...il se vexe très facilement quand on l'oublie....
) en route pour l'Eucharistie dominicale en face de notre hôtel.
La messe commence en latin......je regarde Victoria et lui dit, je crois que nous allons devoir trouver au plus vite une autre paroisse car il s'agit d'une messe selon le rite de Saint Pie V, ........ et j'ai beau être trilingue, mais je ne comprends ni ne parle le latin!!!
Nous revoilà en route, à la recherche d'une autre paroisse! Nous levons les yeux et apercevons au loin un immense église avec deux clochers qui s'élancent dans le ciel.
Quelle belle surprise à notre arrivée de voir qu'il s'agit de la paroisse
Saint Vincent de Paul dont le curé est bien le Père Zanotti-Sorkine
L'église était pleine à craquer, certaines personnes enregistraient l'homélie, voire la messe en entier! Nous avons eu la grâce d'entendre une homélie du Père Sorkine! Quelle joie de Dieu, quelle pêche de Jésus l'habite, c'est extraordinaire!
Je remercie le Ciel de nous donner de tels prêtres
Voici le site du Père Zanotti-Sorkine:www.delamoureneclats.fr/ET un article sur lui dans un journal "Présent"Un dimanche à Marseille
Aller un dimanche à Marseille, juste pour assister à la messe du dimanche, dans une paroisse exceptionnelle, est-ce une folie ? Sans doute. Car, au fond, dans notre paroisse, il y a le même sacrifice, et c’est notre paroisse. Mais, dans la vie de l’âme, comme dans celle des corps, par instants, nous avons besoin d’un ailleurs, d’un voyage, d’une retraite, du retour aux sources, du dépaysement, d’une visite amicale… Inutile de chercher des justifications superflues, ce dimanche-là, qui était le second dimanche de Carême, nous avions besoin, mon épouse et moi, de Marseille.
Marseille, c’est d’abord, comme l’écrit Ghislain de Diesbach, « Gare St-Charles », le parvis, l’esplanade, la terrasse, à l’arrivée du TGV, à dix heures du matin, avec, au-dessus Notre-Dame de la Garde, au loin, la mer et le vieux port, en bas de ce magnifique escalier colonial, le quartier grouillant de la rue d’Athènes, à droite, le cours Belzunce, plus loin « le Panier », etc. Presque devant, « à la cime de la Canebière », notre point d’arrivée : la paroisse Saint-Vincent de Paul, autrement dit, les Réformés.
Cette grande église aux deux tours élancées, Jeanne d’Arc, un peu éplorée sur les marches, était promise à devenir un centre culturel, la pratique religieuse se limitant à quelques personnes âgées qui suivent la messe dans la crypte, lorsque l’évêque du lieu la confia au Père Michel-Marie Zanotti-Sorkine.
Depuis, c’est l’explosion. Nous arrivons à dix heures trente minutes, exactement pour la grand messe solennelle, et comme nous nous en doutions, il n’y a plus aucune place assise. Par la grâce d’une personne – une des personnes discrètement chargées du service d’ordre – mon épouse trouvera, dans un rang proche de l’autel, de quoi s’asseoir à condition de prendre sur ses genoux l’une des petites filles qui occupaient le siège. Pour ce jour qui est la fête des grands-mères, elle aura, comme d’habitude, un enfant sur ses genoux. La seule différence est que cette petite-fille d’occasion, aujourd’hui, a la peau noire, mais nous sommes à Marseille, aux Réformés.
La procession d’entrée est impressionnante. Combien sont-ils, de petits clercs, grands clercs, diacres ou sous-diacres, précédant, munis d’immenses cierges, Monsieur le Curé qui s’avance, le dernier, recueilli, récitant à voix basse, mais les mouvements des lèvres le font deviner, les prières préparatoires. L’orgue joue à en faire trembler les vitraux. Nous sommes emportés. Le saint sacrifice peut commencer.
C’est Annie Laurent qui lit la première lecture. Le hasard fait bien les choses. Je suis heureux de voir notre spécialiste de l’Islam en diligente paroissienne. Elle n’a pas eu, comme nous, à prendre le train. Elle est, géographiquement, de la paroisse. Il y a quelques mois, nous avions pris, au hasard d’un passage matinal, débarquant du bateau venant de Corse, notre petit-déjeuner au bistrot qui n’est pas loin de l’église, où Monsieur le Curé à l’habitude de boire son café. Café arabe, et, probablement, musulman, mais café où l’homme de Dieu, le curé d’ici, manifestement est chez lui, et respecté. Ces images, qui sont des faits, en disent plus sur ce que doit être notre vie, dans les circonstances d’aujourd’hui et de demain, que beaucoup de discours. La présence chrétienne, l’homme de Dieu, le prêtre de Jésus-Christ… c’est le commencement de la paix et de la sociabilité.
Un jeune homme vient de lire l’épître. L’orgue emplit à nouveau les voûtes. La foule se lève. Dans un grand déploiement d’encens – j’ai omis de dire combien l’encens s’était élevé dans cette grand-messe – commence la lecture de l’Evangile.
Que dire de l’homélie de Monsieur le Curé que chacun peut retrouver sur internet ? Elle est, comme toujours, vive et dite à vive allure. Ce qui frappe, ici, dans la liturgie, dans les chants, dans les lectures, dans le sermon, dans l’allure générale, c’est cette vive allégresse, qui fait que rien ne traîne, rien ne bêle, rien ne miaule… Le Credo, chanté en latin, n’a rien des improbables ritournelles, à l’origine lointainement grégorienne, qui endormaient mon enfance. Tout est vif, soutenu, enlevé. Tel fut le sermon, telle est la liturgie.
« Alors, mes chers frères, où en sommes-nous en cette deuxième semaine de Carême, de nos résolutions ? » Le pasteur parle à ses brebis, les questionne, les fait sourire, les émeut, les instruit, les réconforte et les renvoie à encore mieux faire, avec l’assistance, jamais démentie, du Maître du pardon et de la miséricorde.
Le simple, majestueux et profondément recueilli apparat qui entoure la Consécration dit sans qu’aucune explication soit nécessaire le sommet de la journée, de la semaine, de la vie chrétienne. Ici, personne ne peut se tromper. L’eucharistie est le centre, le coeur, l’âme et la nourriture de toute vie chrétienne. La disposition des êtres et des choses, les gestes du prêtre et de ses acolytes, la tenue des assistants et l’orgue, qui, au-dessus de nous, chante ce que nous ne savons ni dire, ni même penser, tout concourt au triomphe de l’Hostie et du Calice élevés pour la gloire de Dieu et le salut des hommes.
Après l’immense, interminable – mais qui a demandé qu’il se termine ? – défilé de communion, le retour des saintes espèces dans le tabernacle du maître-autel, par le prêtre officiant, accompagné, en cortège, des diacres, grands et petits clercs, chandeliers éclairés, en procession solennelle pour le divin prisonnier par amour, dit, lui aussi, mieux que tous les discours, que « la présence réelle » n’est pas un argument de débat théologique, mais une adorable réalité.
La messe est dite. En longue file, les paroissiens font la queue pour saluer, à la sortie, Monsieur le Curé, qui les attend, en haut des marches. Pourquoi la queue ? Parce que Monsieur le Curé a un mot précis, personnel, pour chacun, et que, aussi, chacun a un mot, une requête, une intention à lui confier… ou une histoire à lui raconter, ou une plaisanterie à lui glisser… car nous sommes à Marseille.
Derrière moi, deux dames, qui doivent être dans l’enseignement, échangeant des impressions sur la façon de réciter les imprécations de Camille,
« Rome qui t’a vu naître et que ton coeur adore !
« Rome, enfin, que je hais parce qu’elle t’honore !
« Puissent tous ces voisins ensemble conjurés…. », toute mon enfance corse-marseillaise remonte à ma mémoire, quand ma grand-mère, dont cette paroisse était la paroisse – mais on ne nous y emmenait pas trop souvent – me terrifiait avec ces « voisins ensemble conjurés » qui « sapent ses fondements encor mal assurés » ; ces dames doivent avoir l’âge qu’avait, à l’époque, ma grand-mère, Corneille est toujours vivant sous le soleil de Marseille.
Nous embrassons Monsieur le Curé, toujours aussi souriant, simple et chaleureux… et puis… et puis… l’avantage, aux Réformés, c’est qu’on trouve des lecteurs de Présent qui me disent « vous ne seriez pas… et « té ! Mon cher Maître, cela me fait plaisir de vous rencontrer ! » Et moi donc ! Plus encore !
Marcel, qui entame son quatre-vingt-quinzième printemps, est venu, comme chaque dimanche, du haut des quartiers nord, « avé le trolley » – façon de parler – et ses deux cannes. Ancien coiffeur, Marcel est parfaitement coiffé, et tout aussi bien habillé pour assister à la grand-messe. Le dimanche, ainsi, est une vraie fête.
Une amie rencontrée par hasard – mais y a-t-il des hasards, aux Réformés, le dimanche ? – et qui nous a emmenés déjeuner chez elle, raccompagne Marcel dans ses quartiers lointains. Elle reviendra, dans l’après-midi, pour visiter une autre paroissienne. Pas besoin, ici d’association, de groupe, de secteur, d’organisation, pour que la charité fraternelle, l’amitié se manifeste. Les gestes sont la suite logique de la messe.
Avant de retrouver le TGV du soir, le salut du Très Saint Sacrement nous reconduit dans une église presque aussi pleine, de cette assistance où se côtoient les âges, les milieux sociaux, les races et les ethnies – Marseille, toujours… Monsieur le Curé donne une brève instruction qui aujourd’hui célèbre l’Oratoire, le Cardinal de Bérulle, Madame Acarie, Bossuet et remet à leur place, avec beaucoup de charité mais aussi de fermeté, les prétendues « gloires littéraires », Port-Royal… qui ont, parfois, effacé, de vraies gloires, et, même, avec les nuances qu’il faut, l’immense – et parfois « funeste » – Pascal… Je regarde l’assistance, attentive, et je me dis que ce pasteur ne se moque pas de ses brebis. En leur résumant, en quelques mots, l’histoire de l’Ecole française et la spiritualité du Grand siècle, après voir nourri leurs âmes, il apaise – ou il aiguise ? – la soif de leurs intelligences… au pays de Marcel Pagnol, les leçons de Monsieur l’instituteur à Monsieur le Curé se sont quelque peu inversées. Les « ignorantins » ne sont plus une spécialité cléricale. L’Eglise – mère et maîtresse, mater et magistra – enseigne. La culture est le prolongement en même temps que le terreau de la Foi – Jean-Paul II, pendant un quart de siècle, l’a proclamé, au monde entier.
Ici, on le vit, chaque dimanche, et, probablement, chaque jour.
Comme c’est beau, joyeux, aimable et reposant, une telle paroisse !
Toute notre culture, notre civilisation, est là.
Est-il nécessaire d’aller jusqu’à Marseille pour goûter la douce vigueur de cet air de chrétienté ?
J’espère bien qu’il existe partout… mais, quand même, Marseille, c’est Marseille !
Jacques Trémolet de Villers
« Présent »
14 Mars 2012