La parole de Dieu
Quand ils approchèrent du village où ils se rendaient, Jésus fit semblant d’aller plus loin. Mais ils s’efforcèrent de le retenir : « Reste avec nous. »
Evangile de Jésus-Christ selon Saint Luc, chapitre 24, versets 28 et 29
La méditation
Jésus est bizarre. Encore…
Un peu plus loin, nous lisons dans ce récit de l’évangile que Jésus a touché les coeurs : «Notre cœur n’était-il pas tout brûlant au-dedans de nous, quand il nous parlait en chemin, quand il nous expliquait les Écritures ? ». Il enflamme le cœur des disciples et ensuite il fait semblant d’aller plus loin.
Et combien de fois ai-je voulu que Dieu me séduise, une fois pour toutes ? Combien de fois, ai-je dû choisir, chercher un sens, fût-il lointain ? Combien de fois ai-je dû trancher, douloureusement, au nom de ma conscience ? Sans bien savoir, j’ai dû dire : « non », et cela m’a coûté. Car rien, ou si peu, dans notre monde, me poussait à le faire. Combien de fois ai-je brûlé, au désir de Dieu, mais sans me consumer tout à fait ? Car la flamme passait, usée par le temps, comme un premier amour, déjà envolée, comme un vœu jadis ardent, auquel on ne songe plus.
Combien de fois ai-je voulu que Jésus vienne, enfin, me terrasser par sa Bonne Nouvelle, pour me convertir tout à fait ? Un Jésus triomphant, pascal, radieux comme sur l’icône. Mais non, chaque jour, de nouveau, il faut me décider.
Mais Jésus fait semblant d’aller plus loin. Quel est ce « plus loin » ?
Mais finalement, le quotidien reste identique à lui-même. Je peux, si je le souhaite, laisser Jésus s’en aller plus loin. Et moi rester dans mon monde. Ou je peux tenter avec lui ce « plus loin ». « Voici, je me tiens à la porte et je frappe; si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui pour souper, moi près de lui et lui près de moi » (livre de Apocalypse, chapitre 3, verset 20)
Frère Bernardas Verbickas
(Couvent de Lille)