Marcel était très heureux ce jour-là. Il allait enfin pouvoir faire sa demande en mariage à sa bien-aimée Louise.
Il lui acheta 17 roses rouges, une bouteille de champagne et pour le prix de sa dernière paye, une bague en or avec un gros diamant.
Il venait d’obtenir un excellent poste dans l’informatique et il avait désormais les moyens de s’offrir ce genre de dépenses.
Il arriva enfin devant la porte de sa bien-aimée. Il sonna mais elle mit longtemps avant de lui ouvrir.
Elle portait une robe de chambre légère et semblait très gênée. Da sa chambre à coucher se fit entendre une grosse voix masculine :
«-Dépêche-toi de fermer cette porte, il y a des courants d’air ! Je vais t’attendre encore pendant combien de temps chérie ?! »
Marcel devint blanc comme un linge. Il s’écria d’une voix cassée par les larmes :
« -Pourquoi m’as-tu trahie ?! Je t’aime tellement ! Je ne pourrai pas le supporter ! »
Il s’introduisit dans l’appartement et bondit en direction du balcon. Il voulut se jeter de désespoir mais réalisa que ce n’était que le premier étage, or il voulait mourir et pas devenir handicapé !
Louise s’écria épouvantée :
« -Surtout ne te suicide pas là, tout le monde va penser que c’est moi qui t’ai poussé ! »
C’est là que sortit de la chambre à coucher un gros barbu poilu. Il attrapa Marcel et le jeta dehors avec ses roses, ne gardant que la bouteille de champagne.
Marcel était tellement malheureux qu’il ne songeait plus qu’à mourir. Il se demandait s’il était préférable de se jeter du haut de la tour Montparnasse ou de la tour Eiffel ?
Il finit par se dire que la tour Eiffel était un endroit plus romantique et suffisamment haut pour ne pas se louper.
Sous la tour, il y avait une queue monstrueuse de touristes. Il attendit pendant trois heures et au moment où il pouvait enfin s’y introduire, les ascenseurs tombèrent tous en panne !
La montée par les escaliers l’épuisa jusqu’au bout.
Lorsqu’il arriva enfin en haut, et qu’il était prêt à sauter, une voix derrière lui se fit entendre :
« -Ne fait pas ça ! Dieu donne à l’homme la vie et la reprend lorsque son heure arrive. Si tu fais ça notre Seigneur t’en voudra et ne te laissera pas entrer au paradis ! »
Marcel regarda autours de lui mais ne vit personne. Epouvanté il s’écria :
« -Qui es-tu et où es-tu ?!
-Je suis ton ange gardien. Tu me verras lorsque je viendrai te chercher pour t’amener au ciel. Mais il est encore trop tôt pour toi. Réfléchis bien. Personne ne va pleurer après toi. Tu es orphelin et Louise avec son nouvel amant ne demandent qu’à se débarrasser de toi ! Cette Louise n’était pas pour toi. Tu trouveras une femme bien, qui t’aimera vraiment et dont tu tomberas amoureux. Tu la rencontreras là où tu ne sais pas encore. Regarde un peu cette vue, comme Paris est beau, comme cette vie vaut la peine d’être vécue ! »
La voix se tut et on n’entendait plus que le sifflement du vent.
Marcel écouta l’ange. Tout doucement et avec précautions, il descendit les escaliers de la tour Eiffel parce que les ascenseurs étaient toujours en panne.
Il se dit au fond de lui :
« -Comme j’ai pu être stupide ! Il y a tellement de jolies filles autours de moi dans ce monde et l’une d’entre elles m’est destinée. Que la vie est belle et comme il est bon de vivre ! »
Tout ce qui l’entourait lui semblait beau et éclatant de couleurs.
Le ciel était d’un bleu azur, les arbres avaient des feuilles bien vertes et les roses rouges sur les clos étaient agréablement parfumées. Il n’y avait jamais fait attention, toujours pressé de courir à son travail. Jusqu’alors tout lui avait semblé gris.
Soudain il se rendit compte que quelqu’un courait derrière lui. Il se retourna et vit une magnifique jeune femme aux cheveux chatain et aux yeux verts. Elle tenait dans la main son étui qui contenait le solitaire. Elle lui dit toute essoufflée :
« -Ce boitier est tombé de votre poche. J’ai eu beau vous appeler, vous étiez perdu dans vos pensées. »
Ils se sont regardés et c’était comme un coup de foudre. Il sentaient tous les deux qu’ils étaient faits l’un pour l’autre !
Marcel s’exclama :
« -Cette bague est pour vous ! »
La belle jeune femme lui répondit :
-Mais nous ne nous connaissons pas !
-Pourtant j’ai l’impression qu’on se connait depuis toujours. Je m’appelle Marcel.
-Et moi Alicia. »
Elle ne lui refusa pas un verre dans un café près de la Seine .
Marcel pensa :
« -Il vaut mieux être dans ce monde que de ne pas y être. »
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