Psaume 17 31-51
Une agilité de chamois
Méditation
Suis-je fait pour le combat ? Pourquoi le Seigneur m’imagine-t-il à tout prix en guerrier ? Je n’ai pas vocation à poursuivre l’ennemi – en ai-je seulement – ? Il y a erreur de casting : ce psaume n’est pas le mien. Il est daté, dangereux. Je rends les armes, sans les avoir usées.
Certes, je le sais : l’injustice court les rues, le mal ronge les hommes. La maladie continue de tuer, la misère, la solitude… Ce chapelet de malheurs : il suffit d’ouvrir les yeux, tout cela est devant moi. Il y aurait tant à faire. Je l’avoue : c’est le courage qui me manque. Voilà, c’est cela : je ne veux pas combattre. Pas pour les autres ; pour moi c’est déjà si difficile. Je n’en ai ni la force ni le temps. Qu’ils prennent la relève : les idéalistes, les militants, les orateurs publics ; moi je bafouille, je doute. Ils pourraient soulever une foule, j’ai déjà bien du mal à me lever !
Ou alors il faudrait… qu’un autre combatte pour moi. Qu’on lutte en moi pour libérer tout au fond, ma révolte endormie. Vivre, c’est crier parfois. Depuis longtemps, je ne crie plus. Pourtant, cela me ronge de l’intérieur : « Il n’y a rien à faire, à quoi bon ? » La tiédeur me tient, ma fougue m’a fui : l’amertume amère des illusions perdues.
Il n’y a que Dieu qui pourrait réveiller ma colère, la colère de l’homme révolté par le mal. Qu’il me donne l’ardeur du guerrier, la fougue de la jeunesse. Vivre, c’est se battre. Délivre-nous du mal, et prends-moi dans ta lutte. C’est un feu, n’est-ce pas, que tu allumes sur terre !
Frère Franck Dubois